Monnaies utilisées à la Réunion 5/7

Publié le par Jean Marc

 

LA PERIODE POST NAPOLEONIENNE

 

Elle est marquée par la restitution de la seule île Bourbon et des difficultés monétaires persistantes mais moins dures. Le commerce colonial se développe rapidement avec l’extension de la culture de la canne et de l’exportation massive de sucre.
Pour la première fois en 1816 une pièce de 10 centimes est émise avec la seule mention îsle de Bourbon. C’est la première monnaie propre à cette seule île
Dès le 8 mai 1815, le pouvoir local fixe les nouvelles parités des monnaies, en précisant qu’elles sont reçues sur cette base par les receveurs des deniers publics : l’écu de 6L :5,80 F, la roupie sicca 2.50 F. La piastre d’Espagne étant quant à elle acceptée sur la base 5,50 F. Néanmoins la monnaie de cuivre dans la colonie, n’est plus reçue dans les caisses publiques qu’à concurrence de 20% du paiement ( arrêté du 5 décembre 1827 ). Le numéraire faisant toujours défaut, la colonie est obligée d’accepter des règlements en roupies de Madras, à raison de 2,40 F l’une ( arrêté du 1er juin 1830 )
Un tournant important dans l’histoire monétaire de Bourbon est pris par la loi du 14 juin 1829, rendue exécutoire par l’ordonnance du Roi du 15 août 1832, qui décide le retrait de la circulation au 1er juillet 1834 de toutes les anciennes pièces. L’arrêté gubernotarial du 17 mars 1834 précise le rôle des comptables publics et du trésor dans cette opération : les receveurs et percepteurs recevront à leur valeur les anciennes monnaies, de plus un échange aura lieu au trésor du 1er au 30 avril tous les jours non fériés de midi à deux heures, il sera tenu un registre au trésor sur lequel on inscrira tous les échanges opérés.
Cependant les monnaies étrangères circulent toujours avec un taux légal et une variété qui laisse rêveur : pagode star de l’inde, pagode Kéry, pagode Porto Now, roupie sicca de Mahur, demi-roupie sicca, portugaise ou demi dobraon, roupie de Bombay, roupie de la compagnie, roupie d’Arcate, sequin de Venise de Turquie. ( décision du 22 juin 1834. Ces monnaies s’ajoutent au quadruple d’Espagne, de Colombie, du Chili, du Mexique et du Pérou, aux piastres du Brésil, roupie de Madras et du Bengale.. La confusion est telle que les pouvoirs sont contraints d’instituer en 1834 une commission de surveillance des monnaies étrangères dont le trésorier est président ce qui permet de fixer le cours de la roupie de la compagnie anglaise de la compagnie de l’inde en décembre 1849. Jusqu’à l’avènement du 2eme Empire l’aire monétaire Bourbonnaise est donc un véritable moulin, tout y entre, tout en sort et aucune parité ne dure, faute d’un approvisionnement stable et sur par la métropole. La situation est telle que les autorités locales acceptent officiellement l’introduction de pièces autrichiennes par un des plus important colon de l’île .
Le K/Veguen : pour faire face aux éternels besoins en numéraire une convention de 1859 autorise le sieur le Coat de K/VEGUEN à acheter et mettre en circulation la monnaie autrichienne démonétisée de 20 kreutzers appelée zwanziger. L’autorisation porte sur 227 000 pièces mais il s’en introduit vraisemblablement davantage, d’autant qu’il fait des émules.
L’opération initiale est fructueuse car le poids d’argent, variable d’un millésime à l’autre ( de 1755 à 1848 ) ne représente, au mieux que 0.83 F, néanmoins ces pièces sont acceptées par tout le monde sur la base de 1 F
Mais en 1879, un décret du 2 avril décide le retrait de toutes les monnaies étrangères qui circulent librement en France et dans les Colonies. Destiné à supprimer l’anarchie monétaire, ce décret sèmera le désordre public. Refusé par les commerçants qui perdent confiance et ferment boutique, les Kreutzers deviennent inutiles. Les petites gens se sentent lésés et envahissent la rue.
Le représentant de M K/VEGUEN accepte d’en racheter 227 000
Pour calmer l’opinion, le gouverneur fait marche arrière et décide que les Kreutzers seront acceptés en l’acquit de l’impôt
Après des débats houleux, le conseil Général prend en charge le rachat des pièces mais se retourne contre le Coat de K/VEGUEN qui est finalement condamné à rembourser les 800 000 pièces dans les caisses publiques
Pour remplacer ce numéraire démonétisé, des pièces françaises sont introduites.
2 millions en louis d’or
1.5 millions en pièces de 5 F d’argent
4.5 millions en monnaie divisionnaire d’argent
Le trésor Colonial émet en outre divers billets de 50 centimes, 1F ET 2 F
Le 19 siècle aura cependant été marqué par deux points importants :
D’une part une ordonnance du 30 août 1826 impose dans les colonies la computation métropolitaine à savoir en francs et non plus en livres. Toute monnaie, toute marchandise, sera donc évaluée en francs ce qui facilite les transactions commerciales et les comparaisons avec la métropole.
D’autre part dès 1822 à la Réunion, la création d’une caisse d’Escompte est décidée. Celle ci est autorisée à émettre des billets sous l’appellation de bons de Caisse. Le système échoue provisoirement mais aboutit à l’institution définitive de banques d’émission locales en 1851. La banque de la réunion est effectivement mise en place en 1853.
Mais la computation métropolitaine et la création d’une banque d’émission ne peuvent résoudre tous les problèmes. Les bons de caisse n’ont cours que dans la colonie et les cours demeurent liés à l’équilibre des échanges entre celle ci et la métropole. La crise économique déclenchée en 1879 mais liée aussi aux activités du Crédit Foncier Colonial permet cependant la prise en considération des vœux du Conseil Général pour une nouvelle monnaie propre à la Réunion.
Ce vœux aboutit en 1896 avec la mise en circulation de la Mercure Casquée gravée par Lagrange et valant 50 centimes et 1 F. Ces pièces remplacement les billets de 1879       
 
 
                                                   

         

Publié dans Un Peu d'Histoire

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